13
La grêle
Une grêle abondante s’était mise à tomber dès les premières lueurs de l’aurore.
De gros morceaux de glace, parfois de la taille d’un œuf, s’abattaient maintenant sur la ville du roi Aratta en détruisant tous les bâtiments. Les maisons étaient en ruine et les murs fortifiés qui protégeaient la cité s’étaient affaissés en créant un terrible tremblement de terre. Aucune construction de pierre, de bois ou de brique n’avait résisté au martèlement constant de cette pluie maudite. La place du marché s’était transformée en une montagne de glaçons qui, en fondant, creusaient de larges rigoles capables d’emporter les plus solides fondations. Le jour était à peine levé et déjà la cité était en ruine.
Dans tout le chaos de cette nouvelle journée, seul le repaire de Barthélémy tenait encore bon. Bien tranquille, le chevalier regardait, sans broncher, s’effondrer la cité autour de lui. Comme le lui avait demandé Zaria-Zarenitsa, il avait sacrifié un de ses hommes tous les matins à la gloire de la déesse. En contrepartie, la divinité avait tenu sa parole et le protégeait des malédictions d’Enki.
Encore ce matin-là, juste avant le lever du soleil, Barthélémy était allé chercher un de ses chevaliers et l’avait jeté hors du refuge. Le pauvre homme avait couru de toutes ses forces vers un abri pour échapper à la grêle, mais un gros glaçon lui avait fracassé le crâne tout juste avant qu’il n’atteigne son but. Il était mort sur le coup, la figure dans la poussière.
Barthélémy avait ainsi sacrifié trois de ses chevaliers aux moustiques, un aux féroces taons, deux aux mouches infectées, et maintenant un à la grêle. Des dix hommes qui avaient survécu aux gobelins et traversé les misères de l’esclavage à ses côtés, il n’en restait maintenant que trois. Trois pauvres chevaliers, ligotés comme des saucissons, qui attendaient d’être sacrifiés à Zaria-Zarenitsa par celui en qui ils avaient eu une confiance aveugle. Ce seigneur qu’ils avaient servi avec fougue et loyauté les avait trompés ! Lui qui aurait dû se sacrifier le premier pour le salut de ses hommes les tuait maintenant un à un. Et pourquoi ? Pour l’amour d’une déesse insensible et égoïste, belle comme le lever du soleil, mais aussi cruelle que la brûlure de ses rayons.
— Bonjour, mon grand chevalier, dit une voix suave derrière Barthélémy.
— Bonjour, belle Zaria, lui répondit le seigneur, envoûté par la mélodie des mots. Je t’attendais avec impatience. Comment vas-tu ce matin ?
— Je vais bien, l’assura la déesse. En fait, je vais de mieux en mieux. Ta foi en moi et ton amour amplifient de jour en jour mes pouvoirs. Je suis plus forte grâce à toi.
— Moi aussi, je suis plus fort grâce à toi, confia Barthélémy en prenant Zaria dans ses bras. Je comprends de mieux en mieux ma mission sur Terre et je veux te servir jusqu’à mon dernier souffle. Tu es si belle…
— Merci, lui chuchota Zaria-Zarenitsa à l’oreille, je promets que notre histoire continuera au-delà du temps. À ta mort, tu viendras me rejoindre dans le domaine des dieux et nous régnerons ensemble sur tous les matins de ce monde. Nous serons ensemble la première lumière de la terre.
— Nous deviendrons un symbole d’espoir pour l’humanité, renchérit le chevalier en caressant le doux visage de son amour. Bratel-la-Grande aura son dieu et les chevaliers me prieront chaque matin.
— D’ailleurs, demanda Zaria-Zarenitsa en repoussant tendrement Barthélémy, à ton retour chez toi, comment fer as-tu pour prendre le pouvoir des quinze royaumes ?
— Je sais quoi faire, annonça l’homme, j’ai eu le temps d’y réfléchir. L’Ordre des chevaliers de la lumière, dont je suis toujours le maître malgré mon absence, changera de nom pour devenir l’Ordre des chevaliers de l’aurore. Nous changerons notre drapeau et nos armoiries. Au lieu d’un soleil arborant ses rayons, nous aurons un demi-soleil, symbole du crépuscule.
— C’est tout ! se surprit la déesse.
— Mais non, belle Zaria… la rassura Barthélémy. Je dispose aussi de quelques bons contacts avec une guilde de coupe-jarrets et je ferai assassiner le roi des quinze. Je n’ai pas le temps d’attendre une autre élection ! Ensuite, je me présenterai au conseil des chevaliers et deviendrai le nouveau souverain des royaumes unis. Là, j’unirai les forces vives de tous les chevaliers sous l’Ordre de l’aurore. Je disposerai alors de la plus grande armée du monde et nous gagnerons cette terre pour toi. Tu me diras où il faut combattre et je combattrai ! Il n’y aura pas de limite à notre force. Nous traquerons le mal et nous ferons triompher le bien. Ta splendeur sera notre guide, ta grâce notre force, et ton amour ma raison de triompher !
— C’est un plan extraordinaire ! s’écria la déesse en s’élançant dans les bras du chevalier.
Zaria-Zarenitsa embrassa tendrement le chevalier et, comme la fine rosée du matin, s’évapora dans ses bras.
À ce moment, un des hommes de Barthélémy cria de la pièce d’à côté :
— TU ES FOU, BARTHÉLÉMY ! Jamais les dieux ne partagent quoi que ce soit avec les humains ! Tu t’es fait avoir par la beauté de cette déesse et tu regretteras longtemps ton amour pour elle !
— Tais-toi ! répondit Barthélémy en rigolant. Tu ne sais pas de quoi tu parles ! Tu dis cela parce que tu as peur de mourir. Tiens ! J’ai une bonne nouvelle pour toi, tu seras le prochain.
— Tu ne réussiras jamais à prendre le pouvoir sur les quinze royaumes des chevaliers, continua l’homme enragé. Tu sais très bien que si le roi meurt, c’est Junos, des chevaliers de l’équilibre de Berrion, qui possède la faveur du conseil. C’est lui qui sera élu !
— Junos sera de mon côté, martela Barthélémy, ou il mourra !
— Tu mettrais à mort celui qui a sauvé Bratel-la-Grande ? s’étonna le prisonnier. C’est grâce à lui que notre cité est libre, grâce à lui si nous avons pu reconstruire, et grâce à lui si tu en es le seigneur ! Tu renierais son amitié pour ta déesse égoïste et inhumaine ?
Barthélémy lit quelques pas rapides pour se rendre aux côtés du chevalier récalcitrant. Il le frappa violemment au visage et dit :
— Quand on ne sait pas quoi dire, on se tait ! Je vais te bâillonner afin que tu me laisses réfléchir en paix. Si je t’entends encore une fois, je te coupe la langue. C’est clair ?
Le prisonnier se laissa bâillonner sans pouvoir rien y faire. Il ferma alors les yeux et demanda au ciel une mort rapide et sans souffrance.
***
Il y avait des cadavres partout et Amos marchait seul sur ce tapis morbide. Il faisait sombre et la puanteur des corps en décomposition l’étourdissait. Dans ce paysage sans horizon, le garçon avançait sans but. Il croisa les corps inertes de Béorf, Lolya puis, un peu plus loin, Médousa. Koutoubia, couché en boule, avait été défiguré. Quelques centaines de mètres plus loin, le porteur de masques trouva aussi Minho, complètement démembré.
Le ciel était sombre, sans lumière. Dans ce panorama gris et sans éclat, les âmes des morts émergèrent lentement de leur corps. Un grand fleuve apparut soudainement au centre de la plaine. Ses eaux étaient profondes et malodorantes. De gros bouillons remontaient à la surface en laissant échapper une légère fumée verte. Les âmes des morts s’activèrent et un grand navire de guerre, marqué par d’innombrables combats en mer, apparut au loin. Voguant sur la rivière puante, toutes ses voiles déchirées, le trois-mâts s’arrêta tout près d’Amos et laissa tomber une passerelle.
Les âmes firent alors une longue file et commencèrent à grimper à bord. Le capitaine, un vieillard à la mine sinistre, hurla ses commandements à deux squelettes matelots et, bousculant les âmes qui montaient sur la passerelle, descendit de son bateau. Le vieil homme se dirigea droit sur Amos. Le porteur de masques recula de quelques pas alors que le capitaine s’élançait dans une amicale étreinte.
Tu ne te rappelles pas ? hurla le marin en rigolant. Je suis Charon ! Mais non, tu ne peux pas te rappeler ! Amos voulut parler, mais il était incapable d’articuler quoi que ce soit.
— Écoute, mon jeune ami, commença Charon, tu as laissé un bon souvenir à Braha, et ce, même si ton retour dans le temps t’a fait tout oublier ! Heureusement, la grande ville des morts n’oublie rien, elle ! Ha ! ha ! ha ! Refuser de devenir un dieu… c’est bien toi, ça !
Le porteur de masques ne comprenait rien à tout ce charabia. Il aurait aimé demander des précisions, mais en était incapable. Ses lèvres étaient scellées !
Le capitaine poursuivit son monologue :
— Sois aux aguets, jeune Amos, car Arkillon t’enverra bientôt un cadeau. Ne me demande pas comment, je l’ignore. Ce présent te sera utile pour… enfin… pour, ton voyage… enfin, je ne peux rien te dire ! Mon jeune ami, ta place n’est pas parmi les morts ! Enfin, pas encore… Ce fut un plaisir de te revoir. Ouvre les yeux, maintenant. Ah ! oui, tu as le bonjour de l’Ombre et d’Ougocil !
Le porteur de masques se réveilla en sursaut. Il avait le souffle court et son cœur galopait dans sa poitrine. Amos regarda nerveusement autour lui : tout semblait normal. Pas de morts, pas de bateau ni de rivière et encore moins de capitaine à l’allure inquiétante. Il avait fait un cauchemar…
Amos s’ébroua pour chasser les images du mauvais rêve de son esprit. Béorf et Minho ronflaient comme des sonneurs, Lolya et Koutoubia dormaient paisiblement alors que Médousa regardait les dernières étoiles de la nuit disparaître dans les premières lueurs du matin. La gorgone n’avait pas ses lurinettes sur les yeux. Sans se retourner vers son ami, elle demanda à voix basse :
— C’est toi, Amos ?
— Oui, confirma le garçon. J’ai fait un horrible cauchemar… Et toi, tu ne dors pas ?
— Je suis réveillée depuis une heure environ, lui confia Médousa. Tu sais, j’aime beaucoup regarder les étoiles. J’aime enlever mes lurinettes pour voir le monde avec mes véritables yeux. Cela me repose. Les gorgones sont des créatures de l’obscurité et, depuis que je fais route avec vous, mon système est tout retourné ! Alors il arrive parfois que je me réveille en plein milieu de la nuit. C’est mon cycle naturel qui me rattrape !
— Depuis quelque temps, nous savons au moins que la nuit est sûre, remarqua Amos. C’est le jour que les malheurs surviennent ! Je me demande ce que cette nouvelle journée nous réserve…
— Difficile à dire… soupira Médousa. Il semble bien que les dieux ne manquent pas d’imagination pour faire souffrir les hommes. Tu veux bien me raconter ton cauchemar ?
— Ah ! non, il est trop déprimant ! répondit Amos. Mais je peux te dire qu’un vieux capitaine de bateau m’a confié qu’un certain Arkillon me ferait parvenir un cadeau.
— Tu le connais, cet Arkillon ? demanda la gorgone, intriguée.
— Pas du tout ! rétorqua le garçon. Par contre, j’ai le souvenir d’une histoire de Sartigan au sujet d’un ancien porteur de masques. Son nom ressemblait à cela…
— Eh bien ! lança Médousa en s’étirant. Quelqu’un qui apparaît dans un rêve pour te dire que tu vas recevoir un cadeau, je n’appelle pas cela un cauchemar ! Je vais chercher du bois pour allumer un feu et faire bouillir un peu de l’eau de nos réserves. Tu m’accompagnes ?
— Laisse, offrit le garçon. Profite bien des dernières étoiles, je vais le faire.
— Si tu insistes… je te laisse le boulot avec plaisir !
Amos se leva et marcha un peu autour du campement. Il ramassa quelques bouts de bois, mais son attention fut vite attirée par une forme humaine un peu plus loin. Ses yeux n’arrivant pas à percer la grisaille de ce nouveau matin, il s’approcha avec précaution.
Amos découvrit une statue représentant un elfe. Taillée dans de la pierre noire, la sculpture était d’une très grande beauté et avait un air familier. L’elfe immobile présentait au garçon un coffret de bois finement décoré. Suivant son impulsion, Amos saisit délicatement l’objet.
Au moment où l’écrin fut en possession du porteur de masques, un fort vent se leva et balaya la statue grain par grain. Comme une fine poudre emportée par le vent, la représentation de l’elfe se décomposa et disparut dans la bourrasque.
Amos pensa alors à son cauchemar. C’était peut-être le cadeau qu’on lui avait annoncé ? Le garçon ouvrit alors le coffret et y découvrit quatre pierres. Devant ses yeux scintillaient un rubis, un diamant clair et translucide, un saphir et une tourmaline noire et striée.
Sous le choc de cette surprise, le porteur de masques demeura bouche bée. S’agissait-il de véritables pierres de pouvoir ? Quatre en même temps ?
Comme Amos se questionnait sur cet étrange cadeau arrivé de nulle part, un gros morceau de glace venu du ciel atterrit à ses pieds. Aussitôt, le garçon leva la tête vers les nuages et comprit qu’une grêle mortelle tomberait bientôt sur le pays. Il déguerpit pour alerter ses amis :
— Debout tout le monde ! hurla Amos. Une forte grêle tombera bientôt sur tout le pays et je n’ai pas envie de me faire assommer !
— Il nous faut un endroit pour nous cacher… lança Béorf encore tout endormi. Une fois en sécurité, nous pourrons faire une sieste !
— Je ne vois rien autour pour nous abriter, s’inquiéta Lolya en bondissant de sa couche. Et toi, Koutoubia ?
— Dans cette région, il n’y a rien, confirma le guide. Pas de grottes ou de cavernes ! Le dernier village que nous avons traversé est à une heure de marche, et il n’y a que des pâturages devant nous…
À ce moment, quelques glaçons tombèrent du ciel et éclatèrent brutalement en mille morceaux au centre du campement. La tempête de glace était imminente.
— Il faut trouver quelque chose, s’écria Médousa, paniquée. Nous aurons tous le crâne défoncé et les os brisés dans quelques minutes.
— Je ne vois qu’une solution, dit finalement Amos. J’intègre ces pierres et nous allons bien voir ce qui va se passer !
— Mais, s’étonna Béorf, où as-tu trouvé cela ? Ce sont des pierres de puissance ?
— Je t’expliquerai plus tard où je les ai trouvées, répliqua Amos. Et j’espère que ce sont bien des pierres de puissance, car c’est là notre seule option pour survivre à la grêle ! Je dois accentuer mes pouvoirs pour nous sortir de ce mauvais pas. Il me faut créer un dôme de protection ou… ou quelque chose du genre !
— Tu vas toutes les intégrer ? interrogea le gros garçon. Toutes en même temps ?
— En même temps ! lança Amos, décidé.
— Tu risques de perdre le contrôle, tu le sais, ça ? lui rappela Béorf, inquiet.
— Oui, je sais… Tu as une meilleure solution ?
La grêle avait commencé à tomber et s’amplifiait de seconde en seconde. Amos saisit alors le rubis et, ne sachant pas comment l’intégrer à son masque, le regarda avec circonspection. À sa grande surprise, il vit que la pierre commençait à se liquéfier et à pénétrer dans la paume de sa main.
— Je ne croyais pas que c’était aussi simple ! s’étonna le porteur de masques. Allez, je prends toutes les pierres…
Le diamant, le saphir et la tourmaline allèrent rejoindre le rubis dans la paume du garçon et commencèrent à fondre doucement. Amos sentit alors une force envahir son corps. C’était une brûlure intense qui se répandait dans son sang et se frayait un chemin jusqu’à son cœur. Le porteur de masques eut envie de crier, mais la douleur lui paralysait la gorge et les poumons.
La grêle commença à tomber de façon continue.
Le porteur de masques était maintenant en convulsions et s’agitait frénétiquement sur le sol. C’était trop de puissance magique en un seul coup !
— Qu’allons-nous faire ? demanda Koutoubia, désespéré. C’est notre fin ! Notre heure est venue ! Nous allons tous mourir !
De gros grêlons s’abattirent sur le groupe en blessant légèrement Lolya à la tête et Minho à la jambe.
— C’est la fin ! lança le guide. La fin de tout ! Mais… mais qui est cet homme ? Là, juste derrière Amos !
Les adolescents se retournèrent et aperçurent Mékus Grumson, le protecteur de l’Éther, penché sur le porteur de masques.
L’élémental saisit le garçon et le tint solidement contre lui. Les convulsions diminuèrent et Amos retrouva le calme. Mékus se fondit alors en lui et prit possession de son corps.
Tout autour des voyageurs, une forte chaleur s’éleva ensuite de la terre et un tourbillon de vent vint les entourer. Il s’ensuivit une fine pluie rafraîchissante, comme la bruine du bord de mer, qui humecta doucement leur peau. Amos se leva et dit, très calmement :
— Voici la puissance des forces de l’Éther ! De la terre, j’ai fait naître la chaleur qui, portée par le vent, fait fondre la glace qui vous menace. J’ai découpé l’eau en légères gouttelettes et l’ai mêlée à l’air pour…
— Ça va, Amos ? coupa Béorf, inquiet. Tu n’as pas l’air très bien…
— Je ne suis pas Amos, mais Mékus, répondit le garçon. Je suis en lui et j’harmonise sa magie. Votre ami est trop téméraire et manque de sagesse. Intégrer quatre pierres d’un coup est pour n’importe quel porteur de masques un véritable suicide. Heureusement, j’ai été averti et je me suis présenté à temps.
— Qui est-ce ? Qu’est-ce qui se passe ici ? demanda Koutoubia, subjugué.
— Nous t’expliquerons plus tard, répondit Lolya. Mékus est un ami que nous avons rencontré avant notre arrivée à Arnakech.
Minho, indifférent aux conversations, beugla de joie en savourant le bonheur d’être aspergé par cette douce pluie. Il sortit la langue et lécha goulûment le bout de son museau pour s’humecter la bouche. Mékus sourit avec tendresse et dit :
— Je vous accompagnerai toute la journée et assurerai votre sécurité. Amos doit se remettre du choc des pierres de puissance et son esprit est bien présent avec moi. Ne vous inquiétez pas pour lui, nous travaillons en même temps que je vous parle à la nouvelle harmonie des pierres de puissance. Marchons vers la tour d’El-Bab, la grêle qui tombe sur le pays ne nous touchera pas.